Thursday, September 18, 2014

Ecosse Indépendance ?

Les bureaux de vote ont ouvert en Ecosse

http://www.lesoir.be/657306/article/actualite/monde/2014-09-18/bureaux-vote-ont-ouvert-en-ecosse


Le camp du « yes » tient undernier rassemblement ce
mercredi soir dans le grand parc The Meadows, au pied de la prestigieuse université d’Edimbourg. 
Erik Kruse, 22 ans, étudiant à Glasgow qui termine ses
vacances en famille ici, distribue des prospectus en faveur de l’indépendance. « C’est la démocratie. Nous voulons gérer nos propres affaires. Aujourd’hui, les intérêts del’Ecosse ne sont pas défendus parLondres. Nous sommes beaucoup plus de gauche. L’identité écossaise, c’est juste une base », résume-t-il. Plus loin, Alisson Neathey, 52 ans, milite pour le « oui » avec les Verts.« Je n’ai rien à faire du nationalisme, dit cette... An
glaise d’Edimbourg.Ce n’est pas une question ethnique.
Mais d’autodétermination, donc de démocratie. »
Pour elle, Londres, c’est le gaz de schiste, les armes atomiques, les inégalités croissantes. Un gars arbore un t-shirtWestminster Scum racailles.D’autres mouvements indépendantistes d’Europe sont venus les soutenir –la N-VA devrait arriver plus tard.L’accord pour tenir ceréférendum avait été scellé en octobre 2012 entre David Cameron et Alex Salmond, le Premier ministre britannique et celui du gouvernement régional écossais. Le leader  du Scottish National Party, le parti pro-indépendance de centre gauche, venait de triompher aux législatives de mai 2011.Le SNP avait décroché la majorité absolue. Un quasi plébiscite.Les deux hommes se sont engagés à respecter le résultat de ce référendum existentiel. Quoi qu’il advienne. A l’époque, David Cameron était persuadé de remporter le pari, accepté à contrecœur.Rien n’est plus sûr aujourd’hui !
Pour Salmond, cette consultation populaire représente une opportunité que l’on ne rencontre qu’« une fois dans sa vie ! » « Je vous en prie, ne brisez pas cette fa-mille », a rétorqué Cameron, dans une ultime tentative de plaider l’unité à Aberdeen, la pépite pétrolière du Nord. Quel que soit le résultat de la consultation populaire,ce sera... la douche écossaise pour l’autre camp. Soit, grosso modo,pour la moitié de la population.
Car les derniers sondages donnent le « oui » et le « non » au coude-à-coude, avec un léger avantage pour le maintien de l’union, mais avec une marge d’erreur importante et  de nombreux sondés qui ne se prononcent pas. La compétition entrele « Aye » et le « Nay » s’annonce extrêmement serrée. En ville, l’intense campagne menée par les deux clans a laissé des stigmates. Les habitants portent lebadge de leur camp. Quelques drapeaux du « Yes » pendent aux fenêtres. Des affichettes aussi. Des No thanks. Ou 'Le futur de l’Ecosse dans des mains écossaises'. Une voiture des indépendantistes remonte bruyamment l’avenue.Dans l’ensemble de l’Ecosse, plus de 4 millions d’électeurs –4.285.323 précisément – se sont inscrits pour participer au référendum de ce jeudi. Un record : jamais une joute électorale n’a suscité pareil engouement en Ecosse,peuplée de 5,3 millions d’habitants. Et pour cause... Le scrutin est ouvert aux Ecossais, mais pas seulement : tout résident régulier en Ecosse, citoyen européen ou du Commonwealth, est invité à s’exprimer
Et les jeunes de 16 et 17 ans pourront également s’exprimer, soit 124.000 nouveaux électeurs.
Le vote débute à 7 heures locales (8h, heure belge) pour s’achever à 22 heures locales. Le dépouillement des résultats engrangés dans 5.579 isoloirs répartis dans les 32 assemblées locales d’Ecosse pourra alors commencer. Les autorités veulent un scrutin incontestable :la rapidité de l’annonce n’est pas la priorité. Les comptages serontcentralisés à Edimbourg, sous la férule de Mary Pitcaithly, chief counting officer
Le verdict final est attendu ce vendredi, à l’heure (floue) du petit-déjeuner.Si le « oui » l’emporte, après plusde 307 ans de vie commune, le divorce ne sera pas consommé immédiatement. S’ouvriraient alors dix-huit mois d’âpres négociations entre Londres et Edimbourg. Avecune énorme pression pour aboutir à un arrangement raisonnable.L’indépendance effective est planifiée pour le 24 mars 2016. Sauter dans l’inconnu ? La liste des questions sans réponse est interminable. Les unionistes jouent sur l’isolement d’une Ecosse indépendante, qui aurait « à tout recommencer de zéro », renégocier son appartenance « à tout, de l’ONU à l’Otan » Et les Ecossais ne pourraient plus jouer à la Loterie nationale... Mais voilà qui ne devrait pas nécessairement effrayer ce peuple de « fiers lanceurs de troncs d’arbre qui en ont sous le kilt », selon les clichés ! Pourtant, jeudi dernier, la Royal Bank of Scotland, l’une des plus grosses institutions bancaires d’Europe, secouait le clan des indépendantistes : en cas de victoire du « oui », la banque évacuerait Edimbourg pour déménager son siège en Angleterre. Un séisme pour une « vieille dame » basée en Ecosse depuis 1727 ! La crainte d’autres délocalisations pourrait jouer en faveur du « non ».
L’économie est au cœur des débats. Le choix des électeurs sera avant tout guidé par la conviction que l’Ecosse deviendra plus prospère, ou non, avec l’indépendance.Suivent des préoccupations moins terre-à-terre. Comme l’identité écossaise (plutôt que britannique),la démocratie ou le « rejet », plus ou moins affirmé, de la « domination de Westminster », forcément
mal perçue en Ecosse... où l’on relève que le PIB par habitant est supérieur à celui du Royaume-Uni.« Pour nombre d’Ecossais, les gouvernements de ces dernières années (à Londres) ont été trop libéraux s’agissant de l’économie et beaucoup trop proches des idées du secteur des services financiers et de la City »,relève le chercheur Joachim Fritz, de la fondation Bertelsmann. L’Ecosse a le cœur à gauche, quand Londres est dirigé par les conservateurs et les libéraux-démocrates.Mais à l’entrée de The Meadows, Stuart Ritchie, rigole de l’argument. Ce jeune Edimbourgeois de26 ans milite pour le Better Together.« Le Royaume-Uni est le second donateur d’aide au développement du monde. Et nous sommes ici pour protéger l’Etat-Providence. Face aux risques du « oui »,il vaut mieux rester dans la famille. Il y a trop de risques ».Il reste un demi-million d’indécis, selon estimations du week-end dernier.« Dans les tout derniers sondages, en retirant les indécis, le « no » a un léger avantage. Mais s’ils sont encore indécis aujourd’hui, c’est probablement qu’au dernier moment, ils voteront pour le statu quo plutôt que pour le saut dans le vide, nous dit le politologue Daniel Kenealy, de l’université d’Edimbourg.En même temps, il y a tellement de gens qui voteront pour la première fois que c’est une inconnue. Cela a pu fausser les sondages. Je ne parierais pas là-dessus ! »
Ce soir, l’issue reste incertaine. Suspense.
PHILIPPER
EGNIE
R

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